16 Avril 2025
Le Souvenir Français a vivement souhaité pérenniser cette cérémonie sur la tombe des deux aviateurs (Photo : D. Olivier-Lamesle)
Jeudi 11 avril, s'est tenue, au cimetière d'Orglandes, une cérémonie en mémoire des deux aviateurs fusillés à Montebourg : Pierre Devouassoud et Jean Magloire Dorange. Elle a regroupé neuf porte-drapeaux et s'est déroulée en présence de plusieurs élus et de membres de la famille Devouassoud. Le dépôt de gerbes a été assuré par le Comité du Souvenir Français, la section Manche de l'ANSORAAE et la famille Devouassoud. Claude Nicolle-Huichard, président du Souvenir Français de Valognes, a géré le déroulement de la cérémonie.
Les jeunes d'aujourd'hui rendent hommage aux jeunes aviateurs d'hier -
Sarah Mariette, 19 ans, portait le drapeau du Souvenir Français et Hermann Férey, 13 ans, celui de l'Amicale des Sous-Officiers de réserve de Valognes. Ils rappelaient ainsi le destin tragique de Pierre, 20 ans, et Jean Magloire, 29 ans, fusillés par les Allemands le 12 avril 1941. Ils ont par ailleurs contribué par leurs bouquets au fleurissement de la tombe lors du dépôt de gerbes.
Pour se souvenir -
Dans son discours, Sylvie Nicolle-Huichard, vice-présidente du Souvenir Français a rappelé les principaux épisodes de l'histoire de ces défenseurs de la patrie : "Une seule voix résonnait pour eux, une voix qui parlait d’espérance et de victoire. Alors, plus qu’une chose importait, rejoindre le Général de Gaulle et défier l’ennemi dans le ciel de France. Respectivement instructeur et pilote à l’école de Saint-Brieuc, ils sont démobilisés lors de l’armistice. Comment se rendre alors en Angleterre ? Et bien ce sera par la mer. En compagnie de 13 autres jeunes, ils embarquent dans la nuit du 12 au 13 février 1941 à bord du Buhara, un bateau de pêche en piteux état, financé en grande partie par la mère de Pierre Devouassoud. Une seule motivation, résister et continuer le combat malgré les interdits, malgré les risques. Ils quittent la baie de la Fresnaye en Bretagne, en silence et emplis d’enthousiasme. La Manche les sépare de l’Angleterre mais demain matin, ils seront libres, du moins le pensent-ils.
Peu de temps après leur départ, le bateau montre des signes de faiblesse. Une voie d’eau se crée et le moteur cale définitivement au petit matin. A l’Ouest de Guernesey, vers 11h, tout espoir est perdu. Ils sont arraisonnés par un patrouilleur allemand. Arrêtés, débarqués à Cherbourg, ils sont incarcérés à la prison maritime et soumis aux interrogatoires. Transférés à la prison de Saint-Lô, ils sont jugés par un tribunal militaire allemand les 19 et 20 mars 1941. Malgré les plaidoiries d’un Capitaine de la Wehrmacht, avocat de profession, malgré l’exaltation qu’il mit à montrer que seule l’amour de la patrie motivait ces 15 condamnés, Jean Magloire Dorange et Pierre Devouassoud ne peuvent échapper à la peine capitale (...) Jean Magloire Dorange et Pierre Devouassoud meurent main dans la main et en criant « Vive la France ! Vive l’Angleterre ». Leurs corps sont transférés d’Ozzeville à Orglandes en septembre 1945. Madame Devouassoud, sera elle aussi arrêtée et condamnée aux travaux forcés non seulement pour avoir aidé financièrement à l’achat du Buhara mais aussi pour son appartenance au réseau de résistance Hector. Elle apprendra à son retour de captivité le décès de son fils..."
L'honneur de la France, l'amour de la famille -
À travers la dernière lettre de Pierre Devouassoud transparaît la valeur suprême qui l'a animé : l'honneur ce la France. "J’estime que j’ai très bien agi et je ne regrette rien. Les conséquences sont évidemment terribles mais n’oublions pas que 'Mourir pour la Patrie est le sort le plus beau, le plus digne d’envie.' "
Il n'en reste pas moins que c'est un véritable déchirement par rapport à sa famille : "Le soir du jugement je n’ai plus pensé qu’à vous mes chers Parents et j’ai pleuré. Je me suis rappelé tous les sacrifices que vous avez consentis pour m’élever, pour me donner de l’instruction, pour me gâter comme vous l’avez fait."
Qu'est-ce que le Souvenir Français ? -
Le Souvenir Français, association mémorielle, a pour mission de conserver la mémoire de celles et ceux qui sont Morts pour la France ou qui l’ont honorée par leur engagement ou par leur courage. "Veiller sur leurs tombes et les monuments qui leur sont dédiés, n’est-ce pas le moins que l’on puisse faire ?", conclura Sylvie Nicolle-Huichard.
Qu'est-ce que l'ANSORAAE ? -
Participant à la cérémonie, l'ANSORAAE (Association Nationale des Sous-Officiers de Réserve de l'Armée de l'Air & Espace) est une association réunissant les personnes servant ou qui ont servi dans l’Armée de l’Air & Espace comme sous-officier, militaire du rang.